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Free as a bird....

Ma pratique du barefoot, mes sorties et courses, mes réflexions (et aussi un peu de déconne quand même !) .......

Semi de Phalempin (3° course)

Publié le 21 Juin 2015 par JayJay in Je barefoote-tu barefootes....

Semi de Phalempin (3° course)
 

J-1 : Habitant juste à 10 minutes de Phalempin, je peux me payer le (tout relatif) luxe d'aller récupérer mon dossard la veille : après la prépa, c'est au moins une autre chose de faite, la 3ème étant de courir les 21 bornes, et la 4ème de descendre une bonne bière après (mon étape préférée). Le semi de Phalempin étant plutôt fréquenté dans le coin, c'est toujours un bordel monstre pour pouvoir se garer pas trop loin de l'arrivée le matin de l'épreuve (parce que se garer près du départ, on s'en fout, on est encore frais pour marcher un peu, mais à l'arrivée, c'est pas toujours le cas ....), donc je tâcherai de ne pas me pointer trop tard demain : s'il me reste du temps pour prendre la température avant la course (NDLR : ceci est une expression : je vais déjà avoir l'air assez con comme ça pieds nus, alors si en plus je me fous un thermomètre dans le derche en plein milieu de la salle de retrait, c'est pas comme ça que je vais établir le contact), j'en profiterai, mais au moins je n'aurai pas à gérer la perception du dossard s'il y a trop de monde ou si j'ai perdu trop de temps à trouver une place pour me garer.

 
Du monde, justement, il y en a cet après-midi : ça fait la queue jusqu'à l'extérieur du gymnase, mais seuls les coureurs n'étant pas encore inscrits doivent passer par là. Je me suis inscrit sur internet (on vit une belle époque quand même....), du coup je vais repérer mon numéro de dossard sur les tableaux, et je me dirige vers les bénévoles. Je tombe sur mon beau-frère Stéphane qui courra lui-aussi demain ("En même temps, s'il se trouve là, c'est pas parce qu'il souffre d'un cruel manque d'orientation en voulant se rendre à la boulangerie" me direz-vous :  pas faux) : on parle cinq minutes de la pluie et du beau temps (au propre comme au figuré, il devrait faire bon demain mais quelques averses sont prévues : on verra bien), et on se fait la réflexion que l'on retrouve toujours les mêmes têtes dans les courses locales.....
 
"Numéro 2504 s'il-vous-plait madame !", "Voilà monsieur, le dossard, et la puce à accrocher à vos lacets." 
Semi de Phalempin (3° course)

WHHHHAAAAAAAT ? Mes lacets ?!? Ben c'est à dire que je n'en aurai pas demain, c'est juste un détail, mais bon .... Et d'abord, c'est quoi cette discrimination à l'encontre des vas-nu-pieds ? C'est honteux, j'envisage illico presto d'aller porter plainte à la Licra (ligue Internationale Contre le Running Antibarefootien).

"Dites-moi madame, faut vraiment l'accrocher à ses lacets, on peut pas la mettre à son poignet ou sur les vêtements ?"

"Non, c'est en dessous de la taille, sinon la puce ne va pas bipper."

"Parce que....... vous voyez......, je vais le faire pieds nus le semi."

Et là, j'ai lu dans le regard de cette brave dame plusieurs choses : d'abord l'amusement, genre "Tiens un comique !", puis devant mon visage impassible l'incompréhension ("J'ai bien entendu, là ???"), suivie d'un mélange de doute et de peur. Madame est allée appeler son collègue, qui, lui, est spécialisé en coureurs pieds nus dossiers chelous, et qui a confirmé qu'il faudrait trouver un moyen de l'accrocher à la cheville d'une façon ou d'une autre. "C'est pas grave, je vais bien trouver, merci, et bon courage !"

Mon beauf' suggère de me planter une épingle à nourrice dans la cheville, pas con : au moins, si au bout d'un moment j'ai mal aux pieds, je n'y penserai même pas car la douleur sera ailleurs. Après réflexion, j'abandonne cette idée judicieuse mais un peu trop S-M à mon goût et me dis que je vais bien trouver quelque chose à la maison qui fera l'affaire.

En attendant, bon nombre de coureurs ont dû être surpris de se voir demander lors du retrait de leurs dossards "Dites-moi, vous aurez bien des runnings aux pieds demain, hein ? Non, non, pour rien, juste pour accrocher la puce...."

Semi de Phalempin (3° course)
Jour J-0 (avant Jézukri) :
 
6h00 : j'ouvre les yeux, bien dormi mais réveillé tôt, comme d'hab' dans ces moments-là. Petit déj', douche-coup de fouet, il ne fait pas franchement beau mais la pluie annoncée est tombée cette nuit, c'est mieux comme ça. Je commence le petit rituel d'avant-course : je prépare les affaires de rechange, le camelbag (on n'est pas partis pour courir 8 heures, mais il va faire 20 degrés minimum, et je bois toujours beaucoup quand je cours, faut bien ça pour compenser les litres que je sue), et je saisis la crème anti-frottements pour éviter les irritations aux endroits "sensibles" du corps. Je me rends alors compte que le barefoot a de nouveau un avantage que je n'avais pas soupçonné jusque là ! Effectivement, quand j'étais chaussé se posait toujours le dilemne de l'ordre de l'application de la crème : avoir les pieds qui sentent les c........., ou les c......... qui sentent les pieds ? Ici, pas de noeuds au cerveau à se faire, pas de besoin de crème pour les pieds, tout se passera plus haut, et uniquement plus haut. J'aime le barefoot.......
 

Côté support de puce, j'ai mis la main sur le brassard de mon i-pod, qui fait très bien l'affaire : j'ai un peu l'air d'un détenu en conditionnelle version bracelet électronique avec ce bazar noir à la cheville, mais au moins, j'ai la puce fixée au pied.

 

9h10 : Arrivée dans le gymnase, où règne une belle petite agitation : je file vers la consigne, et une dame qui se trouve derrière moi me demande si les skin shoes que j'ai aux pieds sont confortables pour courir : je lui réponds que oui, mais que je ferai le semi pieds nus, et ça ne la surprend pas plus que ça, j'en suis le premier étonné. On aborde les grandes questions existentielles "Et pour l'amorti, vous faites comment ? Et les pieds, ils chauffent pas trop ?", je pose mon sac, et je me dirige tout doucement vers le départ, qui se trouve à un petit kilomètre de là. Je vois Stéphane et ses collègues, on se souhaite une bonne course. Je repère également un gars qui zieute mes tatanes d'un drôle d'air, et je me rends compte qu'il est lui-même en Five Fingers : je lance la discussion, il court avec depuis 3 ans, sur route comme sur trail, et est ravi de pouvoir lui aussi courir sans plus être blessé. A proximité du sas de départ, je retire mes skin shoes sous l'oeil surpris de plusieurs personnes, fais quelques centaines de mètres pour me mettre en jambes, pas besoin de plus, les premiers kilos du parcours serviront d'échauffement. La bénévole qui vérifie les dossards bloque sur mes pieds nus, mais me souhaite quand même une bonne course, accompagné d'un "Et bon courage !". Je me place dans le sas, les regards se font interrogateurs, mais les gens n'osent pas me poser de questions. Je sympathise avec un groupe de coureurs tous issus du même club, ils me proposent de faire rempart de leurs corps sur les premières foulées pour ne pas me faire piétiner les pieds, ça me fait rire et les remercie d'une telle attention.

Côté chrono, j'avais pensé à la base partir sur du 5 minutes au kilo, car c'est une allure sur laquelle j'étais à l'aise lors de mes dernières sorties longues. Mais lors de ces sorties, l'allure globale est plutôt freestyle, on pousse un peu quand on est bien, et si on veut récupérer, on ralentit. Sur un semi, pas moyen de faire le yoyo comme ça, et si j'ai du mal à suivre une allure un peu trop soutenue sur 21 kils et finis en marchant ou en boitant, je vais passer pour un con et vais me faire engueuler par le ministère des affaires barefootiennes ("Et notre image de marque ? Vous y avez pensé ? Jeune présomptueux va !"). Et puis je veux le faire cool, sans trop faire le touriste mais sans finir chez le SAMU non plus.... Du coup, je vise 1h50 plutôt qu'1h45, c'est plus raisonnable.

Semi de Phalempin (3° course)

9h55 : le départ est donné, 5 minutes après les Handisports. Les premières foulées sont hésitantes, nous sommes partis sur un faux-rythme dû à la densité du peloton, mais au bout de 300 mètres, l'allure est prise, les sensations sont bonnes. J'entends déjà les premières remarques sur "l'autre qui court pieds-nus ici !", tantôt moqueuses mais très souvent positives ("Il a du courage, chapeau !" "Bravo à vous !"), ça m'amuse mais je reste concentré sur ma pose du pied : légère, sans bruit, tant que ça reste comme ça, je suis dans le bon. Les commentaires continuent, et je me rends compte que le Union jack au dos de mon Camelbag (c'est la seule fantaisie que je m'autorise) me fait passer aux yeux de certains pour un anglais : ça me flatte, mais du coup certains en profitent pour se lâcher, croyant que je ne capte pas un mot de ce qu'ils racontent. Au bout d'un moment, un belge flamand m'interpelle en anglais, et on bavarde sur quelques mètres. Le groupe de plaisantins qui se trouve à ma gauche croit que je provoque tout le monde en courant pieds nus ET en tapant la discussion en même temps, l'un d'eux se demande si je ne vais pas aller jusqu'à taxer une clope à quelqu'un pour pousser le bouchon encore plus loin. Son collègue lui répond "T'inquiètes, il va pas tarder à avoir des cloques aux pieds......", et là je ne peux pas m'empécher : je me retourne et lui dit en souriant "T'en auras probablement avant moi, grand !". Je ne les ai plus entendus....

 

Au bout d'un peu moins de 3 kilomètres, nous abordons la première drève du parcours, que j'avais repérée lors de ma prépa : elle passe tout seul, je me dis que mes runs sur le gravier vont m'être très utiles aujourd'hui. Au bout de celle-ci, nous tournons à droite alors que le parcours passe à gauche d'habitude. Point positif : ce changement de parcours me permettra de ne pas tomber dans la monotonie (même si ma dernière fois ici remonte à 5-6 ans). J'espère juste que les passages empruntés ne seront pas trop exigeants au niveau du revètement....

Les kilomètres s'enchainent, pas mal de faux plat montants, le speaker qui avait annoncé un parcours roulant doit être originaire de Marseille. Au kilomètre 7, je vois mon cousin Maxime sur le bas-côté : il est blessé au mollet, il ne battra pas son record aujourd'hui, ça me fait chier pour lui..... On continue notre petit bout de chemin, et j'ai l'occasion de converser avec pas mal de coureurs, c'est cool : ça parle courses à venir et passées, projets divers, minimalisme, on ne voit pas les bornes défiler, top.

 

Semi de Phalempin (3° course)

Kilomètre 11, on fait demi-tour pour aborder une longue ligne droite, le vent de face, j'aime moins. Après avoir géré l'allure sur la première moitié du semi, je vais quand même tenter le negative split. Le negative split, c'est faire la deuxième moitié de la course plus rapidement que la première : pas trop dur quand on ne vise qu'un maigre 1h50 et que ma meilleure marque est à 1h35 (ce qui reste très, très, trèèèèès ordinaire) me direz-vous, mais comme c'est ma première en barefoot sur la distance, les bases ne sont plus les mêmes, on redistribue les cartes et on relance une nouvelle partie. Je commence à doubler régulièrement des coureurs, j'entends l'un d'eux s'écrier "De Diousse ! J'ai déjô mal à mes pieds din mes bôskets mi, alors li !!!". Globalement, les remarques se font de plus en plus chaleureuses, un gars me supplie d'accepter la main de sa fille, mais ça me gène (non, je décooooonne...... j'ai dit oui) : beaucoup me félicitent, mais je leur réponds qu'au final, on aura tous couru 21 bornes, eux comme moi.  Dix minutes plus loin, je bavarde avec Yohan, un gars qui est prof d'arts plastiques, et j'apprends que c'est le fils d'une ancienne collègue de sport ! On parlera un bon moment, et nous finirons la course pratiquement en même temps. Les deux dernières drèves que j'avais également repérées comme délicates en fin de parcours ne sont pas à classer dans la catégorie "agréables", mais je les gêre et suis ravi de les voir derrière, car elles signifient que je vais faire ce premier semi intégralement pieds nus : challenge relevé ! On rentre dans Phalempin, les encouragement se font de plus en plus soutenus, ça fait du bien. L'accumulation du bitume se fait un peu sentir sur les mollets, mais ça va le faire. Je jette une coup d'oeil au chrono, et l'objectif d'1h50 est jouable : j'envisage de sprinter, mais me dis que ça serait con de me choper une crampe si près du but, et joue le carte de la sécurité. J'hausse à peine le rythme, juste de quoi finir frais et dans les temps, si je ne passe pas sous les 110 minutes, pas de soucis..... 

A 400 mètres de l'arrivée, je reçois les encouragements de mon médecin (merci à lui !) qui est arrivé depuis longtemps et lui demande s'il a réussi à décrocher son chrono visé (1h20 !!! Eh oui, j'ai un médecin qui claque 2h50 au marathon m'sieurs dames....) : il me répond par la négative, ça sera pour la prochaine fois....

100 mètres plus loin, je vois Jérôme et Sophie, on se tape dans les mains (merci pour votre présence !), et peu après se trouve ma petite famille, postée au même endroit que d'habitude, impossible de les rater. J'aborde le dernier virage, finis au sprint, et lève les bras en passant sous l'arche.

Je l'ai fait, mon 1° semi barefoot après 7 mois de transition ! Je regarde la montre : 1h50:29 pour 21,310 kilomètres (j'ai dû déclencher le chrono trop vite), ça doit faire un temps réel légèrement en dessous d'1h50, je suis ra-vi !

Semi de Phalempin (3° course)

 

Merci aux bénévoles, à tous les coureurs avec qui j'ai échangé un mot (ou plusieurs...), à tous ceux qui m'ont encouragé ou félicité, et à ma petite famille qui était là à l'arrivée ! Et BRAVO à tous les finishers !

Je dédicace cette course à mon père : bonne fête à toi à papa !

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C
Tout simplement, RESPECT ! Un grand bravo pour cette course et en plus avec un temps que j'ai frolé une fois ! Bravo.....
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J
Merci beaucoup ! C'était cool, le barefoot donne une autre dimension à la distance et surtout à l'état d'esprit pendant la course ....
N
Un seul mot : RESPECT!
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J
Merci beaucoup Nathalie ! J'ai adoré le faire pieds nus à la cool au milieu des autres coureurs, 1000 fois plus de plaisir que chaussé en solo en courant après le chrono ! <br /> Bon, et sinon, cette recette du Carrot Cake, c'est pour quand ? ;-)