Qu'ouis-je ? Qu'entends-je ? Un meurtre ? Nooooooooon, pas possible !
En fait, comme je suis un grand poête dans l'âme, j'avais pensé intituler cet article "Dans l'cul Lulu", mais après réflexion je me suis dit qu' "Ohlain m'a tuer" sonnait mieux. En même temps, Olhain n'y est pour rien (Omar non plus d'ailleurs, mais ça, ça a déjà été prouvé il y a quelques années, je ne vous apprends donc rien). Pour être précis toujours, il ne s'agit pas d'un meurtre, mais plutôt de négligence de ma part. Bon, je sens que ça devient compliqué pour vous tout ça, laissez-moi vous expliquer et tout reprendre depuis le début.....
Petit retour en arrière donc, fin juin, 6 heures de l'écho, je ne fais que les 3 premières heures (et encore en équipe de 4, feignasse) (oui, je sais), et je cours la dernière heure et demie en compagnie de Domi qui, lui, fait l'intégrale des 6 heures. Tout va bien, il fait beau, ça sent bon les vacances, je suis d'humeur joyeuse car je viens d'avoir eu ma mutation pour de nouveaux cieux prédagogiques, mon 1° semi barefoot la semaine précédente s'est passé comme sur des roulettes, aucune séquelle, que demande le peuple ? Ce jour-là, pour la première fois depuis le début de ma conversion, je cours chaussé, car ce format de course en relais implique d'aligner le plus de kilomètres précis au nom de l'équipe, avec pour but de récolter un maximum d'argent pour la lutte contre la sclérose en plaques. Du coup, ça rigole pas, j'y vais à fond les ballons (tout du moins aussi vite que mes jambes me le permettent, on fait comme on peut avec ce qu'on a).
Bon, quand je dis que je cours "chaussé", faut relativiser : je porte simplement mes skin shoes, légères, flexibles, semelle ultra-fine mais suffisante pour donner aux cailloux et autres irrégularités du sol un rendu moins aggressif. Ridicule quand on est habitué à courir avec des runnings avec une semelle d'un ou deux centimètres minimum, mais pour moi, je suis chaussé.
Ci-dessous un extrait du dialogue tenu entre ma tête et mes pieds :
- Ca va les p'tits gars ?!? Elle est pas belle la vie ? On est pas bien là ?
- Ouaaaiiiiiiis, je veux mon n'veu ! Par contre, on étouffe ici, on a plus l'habitude nous !
- Oui, je sais, mais vous comprenez, aujourd'hui, on n'est pas là pour faire du tourisme, du coup j'ai sorti les pneux hiver.
- Hiver ???? T'es con ou quoi, on est fin juin.... C'est pour ça que tu nous as mis une couche supplémentaire ?
- Par pneux hiver, j'entends un minimum de protection pour vous faciliter la vie quoi.......
- OK, d'accord ! Bon, pendant qu'on y est, une petite remarque : t'as un train à prendre ou quoi ? T'es en retard pour un rencard ?
- Ben non, pourquoi ? On joue le chrono, faut ce qu'il faut.
- Pas faux, pas faux. Sur le plat, ça va, en montées, pas de soucis, mais là, en descentes, t'y vas pas avec le dos de la cuillère...... Genre t'es un peu lourd sur tes appuis, t'as tendance à atterrir comme un bourrin....... C'est bien beau d'avoir des mollets, mais faudrait peut-être s'en servir mon p'tit gars, parce que là, c'est nous qui prenons tout dans les reins.
- Meeeeeu non, n'importe quoi ici ! Oh et puis fermez-là les deux, on vous a rien demandé. Faites le taf', on vous demande pas de réfléchir, gauche droite gauche droite, épisétou.
- C'est ça, c'est ça...... Qui fait le malin tombe dans le ravin.
- VOS GUEULES J'AI DIT !
(NDLR : ce dialogue a réellement eu lieu. mais uniquement dans mon inconscient apparemment. Dommage....)
Oulalah, la bonne grosse protection pour les pieds que voilà ......
Le lendemain de la course, les mollets tirent un peu, mais rien de bien anormal, ils ont travaillé et me le font savoir. Le mardi, plus rien, tout va bien, mais je ne cours pas pendant la semaine, histoire de prendre une petite pause après l'entrainement pour le semi et ces deux courses consécutives. Reprise le dimanche, et au démarrage la cheville gauche couine un peu sur le dessus. Pas graaaaave, on la fait bouger dans tous les sens, on étire comme il faut, et c'est reparti comme en 40. Quelques jours plus tard, on entame les vacances et on se fait plaisir avec des sorties (sous la canicule, mais ça fait plaisir quand même) pour découvrir les nouveaux terrains de jeu provençaux, re-belote, ça tire au démarrage, on étire tout le bordel, ça dit plus rien, so far so good......
La semaine dernière, je me fais un lumbago en faisant un faux mouvement (je soupçonne ma stature "100% vautré" pendant mes prépas de cours devant le PC d'être responsable de tout ça en amont : je vous l'avais déjà dit et je le répète, le travail est nuisible pour la santé) : qui dit lumbago dit ostéo, et pas que pour la rime. Je me fais manipuler, il me remet le dos en place, et j'en profite pour lui demander de jeter un coup d'oeil à ma cheville, qui manque cruellement de mobilité ces temps-ci : tant qu'à passer chez le garagiste, autant faire un entretien général. "Ah oui, effectivement, il y a quelque chose !" me dit-il. "Il me semblait bien !" lui réponds-je tout guilleret (Je souris car tous mes passages chez l'ostéo se sont systématiquement résumés par le passé à "Vous laissez le corps au repos 2-3 jours, et il n'y paraitra plus rien", du coup quand l'ostéo met effectivement le doigt sur le noeud du problème, c'est la fin de mes soucis). "Vous savez que vous avez l'utérus complètement déplacé ? ". Et là, je blémis......
Vous, oui, vous derrière votre écran, qui avez toujours secrètement révé de voir le schéma d'un utérus dans un blog de course à pied barefoot : merci qui ?
Bon, je blémis, mais c'est pas un drame en soi tout ça, des millions de femmes ont un utérus (déplacé ou pas), et elles le vivent très bien..... Mouais.... En même temps, mettez-vous à ma place, découvrir à 42 ans que je suis doté d'un utérus, ET qu'en plus il est pas au bon endroit (voire carrément pas dans la bonne personne), ça peut légitimement faire un choc. Je veux bien assumer la part de féminité qui est cachée parait-il en chacun d'entre nous, mais là, c'est pousser le bouchon un peu loin (si j'ose m'exprimer ainsi en ces circonstances. Putain d'images mentales qui me viennent toujours à l'esprit !). Et, cerise sur le gateau (Pas d'image mentale cette fois-ci ! ... Ah, ben si.), si on prend en compte le fait qu'il se situe au niveau de ma cheville, on atteint le très haut niveau des sphères de l'anomalie anatomique.
Bon, en fait, après avoir perdu connaissance 5 minutes et commencé à me faire une raison sur cette nouvelle partie de mon existence ("Avant, je ne savais pas que j'avais un utérus. mais ça c'était avant."), je le fais répéter et réalise qu'il parlait de mon talus. "TA-LUS" (avec un "S" sonore et pas muet). Si, si, essayez donc à voix haute chez vous : "votre tallus" / "votre utérus" (ATTENTION : à faire uniquement si vous êtes seuls ; après, si vous voulez à tout prix passer pour quelqu'un de dérangé qui sort des propos incohérents, rajoutez les accessoires suivants à votre tenue : un vieux survèt', un manteau sale, un gros pull en laine qui gratte, des chaussures dépareillées, un cabas rempli de saloperies et son litron de vin qui va bien, et vous êtes assurés de faire sensation dans le voisinage). Bluffant non ? Bon, un talus, c'est déjà beaucoup mieux, ça me rassure. Mais toujours est-il que ledit talus est déplacé depuis un bon moment (d'après lui) au vu des tensions dans la cheville (genre depuis Ohlain....), et que même si j'ai pu continuer à courir comme ça depuis plus d'un mois, va falloir laisser au pied le temps de reprendre ses marques, et ça risque de se faire sentir ailleurs. Eh oui, le pied est un petit être infiniment intelligent qui, à défaut d'avoir un utérus, est doté d'un cerveau qui lui permet de s'adapter aux changements, quitte à compenser le temps qu'il faut : par contre, quand tout est remis en place, c'est le bordel : faut tout refaire les plans de la maison, changer les meubles de place, bref faut se ré-organiser. Je repars donc avec un talus remis en place (et un dos qui va mieux), on verra ce que ça dit......
Repos 3 jours après la séance, et je reprends mollo, 8 kilomètres tout doux : effectivement la cheville va bien mieux, mais le tendon d'achille frappe à la porte : "Saluuuut toi !". Deux jours plus tard, nouvelle sortie à un rythme très cool, et cette fois-ci, au bout de 10 kilomètres, mon ami Achille défonce la porte à gros coups de masse : nouvelle mise en tension, il a du mal à se ré-habituer aux nouveaux-anciens plans, et il aime pas ça, mais paaaas du tout, tellement pas que ça commence à tirer dans le mollet. "Re-pooooos !" me crie-t-il de sa voix de baryton (Vous vous attendiez à quoi ? Une voix de castrat ? Maintenant que mon pied est 100% rassuré sur son identité sexuelle, c'est un mec, un vrai, et il tient à le faire savoir figurez-vous.) !
à gauche, un talus ; à droite, un talus.
Bilan des courses : je me trouve un peu (voire très) con parce que :
- d'une, je sais ce qu'une douleur au tendon d'achille implique en terme de repos forcé (pas envie que ça dégénère en tendinite, manquerait plus que ça). Du coup, même si je ne regrette ni la course à Ohlain ni les sorties topissimes que j'ai faites pendant les vacances, je me retrouve obligé de zapper le semi de la braderie : même si tout ça va normalement vite se remettre en ordre (avec l'aide et la collaboration de mes potes repos, crème, protocole de Stanish, et glace : on forme le club des 5, et on va justement profiter de cette trève forcée pour tenter de résoudre le mystère du chateau hanté - en vente dans la collection bibiliothèque verte en octobre 2015), manquerait plus que je me tape en toute simplicité 21 bornes dans à peine 15 jours, voire même faire une bonne grosse sortie longue le weekend prochain pour compenser le manque d'entrainement, pour prendre encore du grade et passer du statut de "l'est quand même un peu con parfois lui..." à "ce mec est vraiment le roi des imbéciles, j'ai jamais vu ça !".
- de deux, je me rends compte que je me suis rendu coupable de négligence par rapport à la pratique la plus élémentaire du barefoot, tout ça parce que j'avais l'illusion d'avoir une protection suffisante aux pieds : ménager sa monture, et toujours tâcher d'être léger sur ses appuis, surtout en descentes. Courir médio-pieds, je l'ai fait (je ne sais plus faire que ça de toutes façons), mais tout le reste, j'ai allégrement tiré un trait dessus lors de cette course en relais en courant comme un couillon en terme de technique. Et CA, ça m'énerve, et pas qu'un peu. "Bien fait pour ta gueule !" me dit le Dieu Barefoot. Et le pire, c'est qu'il a bien raison.....
Première photo connue du Dieu barefoot. Et là, on se rend compte qu'il porte des chaussures de ville. Imposteur.
Bon, ben du coup, comme je ne peux pas courir, j'ai à présent un peu de temps devant moi : je m'en vais relire ce très bon article trouvé l'autre jour sur le ouèbe, ça me fera un peu d'instruction..... Ca m'évitera certainement également de recommencer à l'avenir : on va dire que c'est le métier qui rentre, que c'est en forgeant qu'on devient forgeron, que c'est un faisant une connerie une fois qu'on ne le commet pas à nouveau plus tard. Soyons philosophe, disons que c'est un mal nécessaire pour un bien.
De votre côté, vous aurez la joie incommensurable de vous endormir ce soir riches de connaissances trèèèèès pointues sur ce formidable outil qu'est le pied : 26 os, 16 articulations, 107 ligaments, 20 muscles, un cerveau, des cordes vocales, et parfois également un utérus. La nature est bien faite, non ?
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